rĕlĭgĭō, ōnis, f. (relegĕre
Cic. Nat. 2, 72 ;
Gell. 4, 9, 1),
¶ 1 attention scrupuleuse, scrupule, délicatesse, conscience : adest vir summa religione
Cic. Arch. 8,
est là pour témoigner un homme de la plus haute conscience ; hac ego religione non sum ab hoc conatu repulsus
Cic. Or. 36,
ces scrupules, pour ma part, ne m'ont pas détourné de mon entreprise ; Atheniensium religioni cum serviret orator
Cic. Or. 26,
l'orateur s'asservissant à la délicatesse de goût des Athéniens ; oratio nimia religione attenuata
Cic. Br. 283,
éloquence amincie par un excès de scrupule [recherche excessive de la simplicité] ||
non nullius officii religioCic. Sest. 8,
l'observation scrupuleuse d'un devoir important ||
vestra religioCic. Inv. 1, 56,
vos scrupules [de juges] ; judicum religiones
Cic. de Or. 1, 31,
les scrupules des juges ; religionem adhibere
Cic. Br. 293,
montrer du scrupule ; sanitatem et integritatem quasi religionem et verecundiam oratoris probare
Cic. Br. 284,
approuver le bon sens et le naturel [dans le style], comme un trait du caractère scrupuleux et réservé de l'orateur ; res in religionem alicui venit
Cic. Nat. 2, 10,
une chose inspire du scrupule à qqn ; religio C.~Mario non fuerat, quominus Glauciam occideret
Cic. Cat. 3, 15,
C.~Marius ne s'était point fait scrupule de tuer Glaucia ; nec tamen est habendum religioni nocentem aliquando defendere
Cic. Off. 2, 51,
il ne faut cependant pas se faire un scrupule (un cas de conscience) de défendre parfois un coupable
¶ 2 scrupule religieux, sentiment religieux, crainte pieuse : religio infixa animis
Liv. 29, 18, 1,
les sentiments religieux gravés au fond de l'âme ; se summa religione teneri (dicebant)
Cic. Verr. 2, 4, 75,
ils disaient qu'ils étaient retenus par les scrupules religieux les plus puissants ; pietate ac religione omnes gentes superavimus
Cic. Har. 19,
c'est par la piété et l'esprit religieux que nous avons eu le pas sur toutes les nations ||
tibi religionem nullam attulitCic. Verr. 2, 4, 78, [cette Diane] ne t'a inspiré aucune crainte religieuse ; consules religio tenebat
Liv. 27, 23, 1,
des scrupules religieux retenaient les consuls, cf.
Liv. 26, 11, 9 ;
27, 37, 5 ; augures eam religionem exemere
Liv. 4, 31, 4,
les augures enlevèrent ce scrupule religieux ||
aliquid religioni habereCic. Div. 1, 77,
avoir un scrupule religieux à propos de qqch. ; in religionem ea res apud Pœnos versa est
Liv. 26, 11, 4,
ce fut l'objet d'une crainte religieuse pour les Carthaginois ; religioni fuit, quibus eam opem dei tulissent, vinciri
Liv. 5, 13, 8,
on se fit un scrupule religieux de mettre dans les fers ceux à qui les dieux avaient donné cette assistance ; collegium decrevit non habendum religioni quin... Ateius Capito d.
Gell. 4, 6, 10,
le collège des pontifes décida qu'il n'y avait pas à se faire un scrupule religieux de ; oblata religio Cornuto est non satis diligenter eum auspiciis operam dedisse
Cic. Fam. 10, 12, 3,
on inspira à Cornutus le scrupule de n'avoir pas veillé assez consciencieusement aux auspices
¶ 3 sentiment de respect, vénération, culte ; religio deorum immortalium
Cic. Læl. 96,
le respect à l'égard des dieux immortels ; religiones deorum immortalium retinere
Cic. Verr. 2, 3, 6,
maintenir le respect (culte) des dieux immortels ; aut undique religionem tolle aut...
Cic. Phil. 2, 110,
ou supprime de partout le culte de César ou...
¶ 4 croyance religieuse, religion : superstitione tollenda religio non tollitur
Cic. Div. 2, 148,
en supprimant la superstition, on ne supprime pas la religion ; ceteræ gentes pro religionibus suis bella suscipiunt
Cic. Font. 30,
les autres nations soutiennent des guerres pour leurs religions ; res religione omnium consecrata
Cic. Tusc. 1, 32,
chose consacrée par les croyances religieuses de tous les peuples ||
perversa atque impia religioCic. Sulla 70,
croyances extravagantes et impies ; prava religio
Liv. 27, 23, 2,
fausses croyances, superstition, cf.
Liv. 4, 30, 9 ;
religiones sibi fingere
Cæs. G. 6, 37, 8,
se forger des craintes superstitieuses
¶ 5 pratiques religieuses, culte : cum omnis populi Romani religio in sacra et in auspicia divisa sit
Cic. Nat. 3, 5,
comme le culte du peuple romain en général consiste dans les sacrifices et dans les auspices ||
natio dedita religionibusCæs. G. 6, 16, 1,
nation adonnée aux pratiques religieuses ; cærimonias religionesque publicas tueri
Cic. Nat. 1, 61,
observer les cérémonies et les pratiques religieuses officielles, cf.
Cic. Nat. 3, 5, etc. ;
religiones colere
Cic. Rep. 2, 27,
se livrer aux pratiques du culte, cf.
Liv. 1, 32, 2 ;
3, 57, 7, etc. ; nihil legibus, nihil religionibus est actum
Cic. Domo 69,
rien n'a été fait selon les lois, rien selon les prescriptions religieuses ; in pace religiones instituere
Liv. 1, 32, 5,
établir un culte pour la vie en temps de paix ; templum et cælestes religiones decernuntur
Tac. Ann. 1, 10,
on lui décerne un temple et les honneurs divins
¶ 6 respect (vénération) dont est entouré qqch., sainteté, caractère sacré : Diana loco mutato religionem non amisit
Cic. Verr. 2, 4, 78,
la statue de Diane en changeant d'emplacement n'a pas perdu sa sainteté ; sacrarium Cereris est apud Catinenses eadem religione qua Romæ
Cic. Verr. 2, 4, 99,
le sanctuaire de Cérès est entouré chez les habitants de Catane de la même vénération qu'à Rome ; (barbari) ignari totius negotii ac religionis
Cic. Verr. 2, 4, 77, (ces barbares) ignorant totalement l'affaire et le caractère sacré de la statue, cf.
Cic. Verr. 2, 4, 72 ;
4, 50 ; 4, 111, etc.;
in sacerdotibus tanta offusa oculis animoque religio
Liv. 2, 40, 3,
le caractère sacré des prêtres qui s'imposait aux regards et au cœur, cf.
Liv. 3, 55, 7
||
magnam possidet religionem paternus maternusque sanguisCic. Amer. 66,
le sang paternel et maternel possède un grand caractère de sainteté ; jurisjurandi religio
Cic. Font. 20,
le caractère sacré du serment ; si nullam religionem sors habebit
Cic. Verr. 2, 1, 38,
si la décision du sort n'a aucun caractère sacré
¶ 7 engagement sacré : testem ipsum Jovem suæ voluntatis ac religionis adhibere
Cic. Verr. 2, 4, 67,
prendre Jupiter lui-même à témoin de son dessein et de son engagement solennel ; ut religione civitas solvatur
Cic. Cæc. 98,
pour délier la cité d'un engagement sacré [traité dont on refuse la ratification] ; religione obligari
Cic. Balbo 34,
être lié par un engagement sacré ; timori magis quam religioni consulere
Cæs. C. 1, 67, 3,
obéir à la crainte plutôt qu'au respect de ses engagements [serment militaire] ; publicæ religiones fœderum
Cic. Verr. 2, 5, 49,
engagements officiels à l'occasion des traités ; docti nullam scelere religionem exsolvi
Liv. 2, 32, 2,
sachant que le crime ne peut relever d'aucun engagement
¶ 8 ce qui est l'objet de la vénération, de l'adoration, du culte ; [d'où surtout au pl.] chose vénérée, chose sainte, objet sacré : religionem domesticam requirebant
Cic. Verr. 2, 4, 93,
ils réclamaient l'objet de leur culte [une statue d'Apollon] ; quæ religio aut quæ machina belli ?
Virg. En. 2, 151,
qu'était-ce ? une offrande religieuse ou une machine de guerre ? sacrorum omnium et religionum hostis prædoque
Cic. Verr. 2, 4, 75,
ennemi déclaré et pilleur de tout ce qui est sacré et vénéré religieusement, cf. Verr. 2, 1, 9 ;
5, 188 ; religiones ipsæ
Cic. Mil. 85,
les lieux sacrés eux-mêmes
¶ 9 scrupule de n'être pas en règle avec la divinité, conscience d'être en faute à l'égard de la religion ; [par suite] état de faute, de culpabilité religieuse qui ne s'efface que par une expiation : peccatum suum confiteri maluit quam hærere in re publica religionem
Cic. Nat. 2, 11,
il aima mieux avouer sa faute que de laisser l'État entaché d'une impiété [d'un sacrilège] ; obstringere religione populum Romanum
Cic. Phil. 2, 83,
charger le peuple romain d'une impiété ; religione rem publicam exsolvere
Liv. 29, 18, 1,
débarrasser l'État d'une impiété, cf.
Liv. 45, 5, 8 ;
(cærimonias sepulcrorum) violatas inexpiabili religione sancire
Cic. Tusc. 1, 27,
interdire la violation des cérémonies funèbres sous peine d'un sacrilège inexpiable ; de Clodiana religione
Cic. Att. 1, 14, 1,
au sujet du sacrilège commis par Clodius ; particeps summæ religionis
Cic. Inv. 2, 92,
complice du pire sacrilège, cf. Verr. 2, 4, 78
||
mendacii religione obstrictusCæs. C. 1, 11, 2,
souillé d'un mensonge ; religionem in se recipere
Liv. 10, 40, 11,
attirer sur soi la malédiction divine
¶ 10 consécration religieuse, qui fait qu'une chose appartient à la divinité et ne peut être d'un usage profane : domum religione omni liberare
Cic. Har. 14,
dégager une maison de toute consécration religieuse [de toute interdiction religieuse, partant de toute malédiction, de tout anathème] ; expiare religionem ædium suarum
Cic. Har. 11,
par une expiation [un apaisement des dieux] dégager sa maison d'une interdiction religieuse ; in meis ædibus aliquam religionem residere
Cic. Domo 69, [il prétendait] que ma maison est encore frappée d'une consécration religieuse ||
interdiction frappant certains jours considérés comme malheureux [Liv. 6, 1, 11] :
Liv. 6, 1, 12 ;
6, 28, 6.
↣ chez les poètes rell- pour allongement de la première syllabe.
non nullius officii religio
vestra religio
tibi religionem nullam attulit
aliquid religioni habere
perversa atque impia religio
natio dedita religionibus
magnam possidet religionem paternus maternusque sanguis
mendacii religione obstrictus
interdiction frappant certains jours considérés comme malheureux [