aufĕrō, abstŭlī, ablātum, auferre, tr.,

¶ 1 emporter : multa palam domum suam auferebat Cic. Amer. 23, il emportait ouvertement beaucoup de choses chez lui ; e convivio aliquem tamquam e prœlio Cic. Verr. 2, 5, 28, emporter qqn d'un banquet comme d'un champ de bataille ; de armario, de sacrario ablatum aliquid Cic. Verr. 2, 4, 27, objet enlevé d'une armoire, d'un sanctuaire ; sacra publica ab incendiis procul auferre Liv. 5, 39, 11, emporter les objets du culte public loin de l'incendie ; bona Sejani ablata ærario Tac. Ann. 6, 2, les biens de Séjan enlevés du trésor public

¶ 2 emporter, entraîner [au loin] : illum longius fuga abstulerat Curt. 3, 11, 26, la fuite l'avait emporté bien loin ; vento secundo e conspectu terræ ablati sunt Liv. 29, 27, 6, entraînés par un vent favorable, ils perdirent de vue la terre ; pavore fugientium auferebantur Tac. Ann. 4, 73, les cohortes étaient entraînées par la panique des fuyards ||
[au fig.] ne te auferant aliorum consilia Cic. Fam. 2, 7, 1, ne te laisse pas entraîner par les conseils des autres ; abstulere me velut de spatio Græciæ res immixtæ Romanis Liv. 35, 40, 1, le lien étroit des affaires de la Grèce avec celles des Romains m'a entraîné en quelque sorte hors de la piste ||
emporter, cesser : aufer cavillam Pl. Aul. 638, porte au loin (cesse) tes plaisanteries, cf. Capt. 964 ; Truc. 861, etc. ; avec inf. [poét.] : aufer me terrere Hor. S. 2, 7, 43, cesse (finis) de m'effrayer ||
[réfléchi ou pass.] : aufer te hinc Pl. As. 469, ôte-toi d'ici, cf. Rud. 1032 ; Ter. Phorm. 559 ; pernicitas equorum, quis seque et conjugem abstulit Tac. Ann. 12, 51, la vitesse des chevaux, grâce auxquels il se déroba, lui et sa femme ; conversis fugax aufertur habenis Virg. En. 11, 713, ayant tourné bride, il s'éloigne en fuyant ; pennis aufertur Olympum Virg. En. 11, 867, elle s'envole vers l'Olympe

¶ 3 enlever, arracher : auriculam mordicus Cic. Q. 3, 4, 2, enlever le bout de l'oreille d'un coup de dent ; ex ipsa Diana, quod habebat auri, detractum atque ablatum esse dico Cic. Verr. 2, 1, 54, à Diane elle-même, tout ce qu'elle avait d'or, je dis que tu l'as arraché et enlevé ; hominibus honestis de digitis anulos aureos abstulit Cic. Verr. 2, 4, 57, il a arraché des doigts à des personnes honorables leurs anneaux d'or ; bullas aureas ex valvis Cic. Verr. 2, 4, 124, arracher des portes les clous d'or ; ab aliquo candelabrum Cic. Verr. 2, 4, 67, enlever à qqn un candélabre, cf. Verr. 2, 4, 37 ||
pulvis elatus lucem ex oculis virorum equorumque aufert Liv. 4, 33, 8, la poussière soulevée dérobe la lumière aux yeux des hommes et des chevaux ; cf. si se ipsos e conspectu nostro abstulerunt Cic. Phil. 2, 114, s'ils se sont dérobés eux-mêmes à notre vue ||
mare Europam auferens Asiæ Plin. 4, 75, la mer enlevant l'Europe à l'Asie (= la séparant de l'Asie) ; cf. 5, 150 ; 6, 25 ||
[fig.] ab senatu judicia Cic. Verr. 2, 1, 23, enlever au sénat le pouvoir judiciaire ; clientelam a patronis Cic. Verr. 2, 4, 90, enlever à des patrons leurs clients ; vitam alicui Cic. Phil. 9, 5, enlever la vie à qqn [spem Cic. Verr. 2, 1, 20, l'espérance] ||
senectus aufert viriditatem Cic. Læl. 11, la vieillesse enlève la vigueur ; quis tam esset ferreus, cui non auferret fructum voluptatum omnium solitudo ? Cic. Læl. 87, serait-il un homme assez dur pour ne pas sentir que l'isolement lui enlève le fruit de tous les plaisirs ? cf. Tusc. 1, 97 ; CM 39 ||
[poét.] emporter, détruire : abstulit clarum cita mors Achillem Hor. O. 2, 16, 29, une mort rapide a enlevé l'illustre Achille ; quodcumque fuit populabile flammæ, Mulciber abstulerat Ov. M. 9, 263, tout ce que la flamme pouvait détruire, Vulcain [le feu] l'avait consumé

¶ 4 emporter, obtenir : responsum ab aliquo Cic. de Or. 1, 239, emporter une réponse de qqn ; per eum, quod volemus, facile auferemus Cic. Att. 14, 20, 5, grâce à lui, nous obtiendrons facilement ce que nous voudrons ; a Scapulis paucos dies aufert Cic. Quinct. 20, il obtient des Scapula un délai de quelques jours ; quis est qui hoc non ex priore actione abstulerit, omnium ante damnatorum scelera vix cum hujus parva parte conferri posse ? Cic. Verr. 2, 1, 21, en est-il pour n'avoir point emporté de la première action cette conviction que les crimes de toutes les personnes condamnées jusqu'ici ne pourraient être comparés avec une faible partie de ceux de Verrès ?